Les membres de l’ICA sont créatifs de plusieurs façons; certains et certaines s’exprimant même par le biais des arts visuels. L’une de ces personnes est Haris Sardar, FICA, qui se joint à nous dans le cadre de cet épisode pour discuter de son succès en tant que peintre et partager l’inspiration derrière ses œuvres impressionnantes. Cet épisode est disponible en anglais seulement.
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Fievoli : Bonjour et bienvenue à Voir au‑delà du risque, le balado de l’Institut canadien des actuaires. Ici Chris Fievoli, je suis actuaire membre du personnel de l’ICA et je travaille au sein du service des communications et affaires publiques.
Certes, les actuaires au Canada possèdent d’excellentes compétences en mathématiques et en analytique, mais un grand nombre de membres de l’ICA sont dotés de talents qui ne relèvent pas du domaine technique, et aujourd’hui, nous nous entretiendrons avec l’un d’entre eux.
Au cours de cet épisode, M. Haris Sardar, qui est non seulement Fellow de l’Institut canadien des actuaires mais aussi peintre accompli, nous parlera de son travail. Merci beaucoup d’être avec nous aujourd’hui.
Sardar : Bonjour Chris, merci beaucoup de m’avoir invité. Je suis très heureux d’être ici aujourd’hui pour discuter avec vous.
Fievoli : Très bien. Pourquoi ne pas commencer par nous raconter ce qui vous a conduit à embrasser la profession d’actuaire et nous parler un peu de vos fonctions et de vos responsabilités à l’heure actuelle, avant de passer au volet artistique de votre travail?
Sardar : Excellent. J’ai quitté le Pakistan à l’âge de 18 ans pour entreprendre des études universitaires au Canada. Je voulais être le loup de Wall Street et je me dirigeais vers mon lieu de rêve, l’École de gestion Richard Ivey. Mais, après y avoir suivi les deux premières années de cours, je me suis rendu compte que je ne voulais plus poursuivre cette carrière.
Et lorsque j’ai consulté la banque d’emplois de l’Université Western Ontario, à l’époque, 60 % des emplois répertoriés étaient en actuariat. J’ai donc su que ce que je voulais faire ensuite, c’était de devenir actuaire, et j’ai en quelque sorte abandonné mes activités artistiques à ce moment-là pour le plus grand bien du monde financier et j’ai entamé une carrière d’actuaire.
Fievoli : Passons maintenant à votre travail artistique. Donnez-nous des détails sur ce que vous faites et sur des choses comme les médias avec lesquels vous travaillez actuellement, et sur la façon dont vous en êtes arrivé là.
Sardar : Comme je l’ai mentionné plus tôt, j’ai abandonné mes activités artistiques au secondaire. Ma seule formation officielle en art a été l’aquarelle, jusqu’en 12e année. Par la suite, il y a eu une interruption de 18 ans, pendant lesquels j’ai obtenu le titre d’actuaire et que j’ai appris tout ce qui concerne le conseil en retraite.
Et lorsque j’ai repris le pinceau au bout de 18 ans, je me suis lancé sans hésiter dans la peinture à l’huile, parce que ma profession d’actuaire et la liberté financière qu’elle me procurait me permettaient de voyager partout dans le monde, de fréquenter les musées et de pouvoir admirer l’art contemporain et les œuvres des grands maîtres, qui utilisaient tous de la peinture à l’huile. Et voyant que les effets de brillance et la pigmentation avaient résisté à l’épreuve du temps, c’est tout naturellement que j’ai commencé à peindre à l’huile.
Quant au type d’art que je pratique, je me qualifierais de peintre d’inspiration sérielle. Ce qui veut dire que je m’inspire du monde réel pour créer des œuvres et je les présente au spectateur sous une forme sérielle. Je m’inspire d’artistes comme Dali, mais pour rendre mes œuvres uniques, j’emploie beaucoup le style impressionniste et des éléments du pop art.
Je dirais que mon art est très porteur de sens — nous y reviendrons tout à l’heure —, mais elle renferme un message, je cherche à peindre des attitudes sur la politique, la religion, l’immigration – toutes les choses que j’ai vécues dans ma vie et que je veux peindre, essentiellement, l’histoire d’un garçon musulman laïque qui a quitté le Pakistan pour immigrer en ce lieu multidimensionnel qu’est le Canada, et comment cela a changé ma personnalité, si bien que je me considère aujourd’hui comme citoyen du monde, libre de toute frontière créée par les hommes.
Fievoli : Décrivez-nous quelques-unes de vos créations et à quoi elles ressemblent. Que verrait le spectateur devant vos œuvres d’art?
Sardar : C’est ce que j’appelle le plaisir visuel, et la meilleure façon d’y goûter est de se rendre sur mon site Web, www.1haris1.com, ou sur mon compte Instagram, @oneharisone. Cela dit, pour décrire des images en mots, je suis ou je crée deux séries distinctes, l’une intitulée « Flowerin’ Ladies » ou « Flores de primavera », et la seconde « Prepackaged Religion ».
La première série, qui a trait aux femmes, a été inspirée des personnalités gigantesques qu’incarnent les femmes les plus importantes de ma vie, à savoir ma très chère mère, ma sœur et mon épouse. Dans cette série, j’ai voulu désexualiser le corps féminin en le représentant sous la forme de fleurs éclatantes, tout en lui conservant son sens de l’élégance, de la force, de la beauté et de l’intelligence, qui ensemble enveloppent l’essence d’une femme. Voilà donc pour la première série. Quant à la seconde, qui s’intitule « Prepackaged Religion », j’ai peint divers édifices religieux à l’intérieur de boîtes ou cubes flottants, et ces cubes représentent mes opinions laïques personnelles sur la religion organisée.
Vous savez, certains spectateurs peuvent interpréter ces œuvres comme signifiant que la religion organisée s’essouffle, alors que d’autres spectateurs y verront un refuge ou un foyer. Donc, cela dépend vraiment de la façon dont le spectateur perçoit la religion et de ce qu’il en pense, mais moi, j’ai voulu représenter l’unité de l’humanité sans les frontières de la religion, de la culture, de la sexualité et ainsi de suite.
Fievoli : Pour nous, actuaires, je sais qu’il peut être très difficile de concilier nos obligations personnelles avec nos obligations professionnelles, surtout à l’époque où nous étions encore en train de passer des examens. Je suis donc curieux de savoir : comment avez-vous trouvé le temps de faire vos œuvres d’art? Avez-vous dû, pour ainsi dire, laisser cela de côté pendant un temps? Et aujourd’hui, comment conciliez-vous votre art avec vos obligations professionnelles?
Sardar : Je dirais que, dès notre sortie de l’école d’actuariat, notre formation nous permet d’accepter un très large éventail d’obligations. Ce que je veux dire par là, c’est que non seulement nous sommes à même d’accomplir une journée de travail exigeante, mais le même jour, nous pouvons après coup nous consacrer à l’étude en préparation des examens, qui prennent chacun jusqu’à 600 heures d’étude. Je pense bien sûr que lorsqu’on est dans la vingtaine et qu’on a été formé pendant des années après l’obtention de son diplôme universitaire, la capacité de travail augmente et l’on peut intégrer bien des choses à notre emploi du temps.
Quant à moi, oui, comme je l’ai déjà dit, j’ai dû mettre l’art de côté pendant 18 ans, mais lorsque j’y suis revenu, j’ai pu poursuivre ma carrière en actuariat tout en m’adonnant à l’art, parce que j’avais été habitué à faire tant de choses dans ma vie antérieure, mais cela exige d’être très bien organisé. Tout cela nécessite de l’aide, et je dirais même qu’il faut tout un village, qu’il faut le soutien de tous les membres de la famille. Donc, tout le crédit revient à mon épouse.
Je ne sais pas quand on fait le nettoyage. Je ne sais pas à quelle heure on nourrit le chien. Je ne sais pas quand on apporte l’épicerie. Je me réveille, je fais mon travail, puis je m’installe devant la toile jusqu’à 22 h ou 23 h tous les soirs. Pour y arriver, je consacre à mon art environ quatre à cinq heures par jour après mon travail d’actuaire et environ six à huit heures par jour tous les samedis et dimanches.
C’est vraiment la passion qui me pousse à continuer. Ces deux activités me sont essentielles, car elles constituent une parfaite combinaison de l’utilisation des mathématiques et de la créativité et il faut savoir équilibrer ces deux facteurs pour pouvoir réussir sur ces deux plans.
Fievoli : Je crois savoir que vous allez exposer certaines de vos œuvres prochainement. Pouvez-vous nous en parler?
Sardar : Oui. J’ai été très chanceux qu’on ait acheté la plupart de mes œuvres avant que je ne les expose. De plus, j’ai des commandes à livrer jusqu’à la fin de 2023. Ma toute première exposition aura lieu à New York dans le Lower East Side avec le Redwood Art Group, à l’occasion de la New York Art Expo. Elle se déroulera du 30 mars au 2 avril au Pier 36, dans le Lower East Side. Si vous êtes en ville ou si vous voulez venir en ville voir les toiles originales d’un actuaire, vous êtes plus que bienvenus.
Fievoli : Excellent. Pour terminer, j’ai une dernière question. Dites-nous comment vous voyez les choses évoluer à l’avenir. Quelles sont vos ambitions artistiques? Que voulez-vous faire ensuite?
Sardar : Je ne sais pas si nous avons parlé du fait que je travaille pour un organisme sans but lucratif. Ce que je veux dire par travail, c’est que je mets à profit mes compétences en actuariat auprès d’un régime de retraite conjoint sans but lucratif appelé Régime de retraite des collèges d’arts appliqués et de technologie, soit le Régime des CAAT, sous forme abrégée.
Ainsi, tout en répandant la notoriété du Régime des CAAT et en espérant garantir une retraite sûre à bien des gens et laisser ma marque à l’échelle nationale, je compte poursuivre mes activités artistiques à temps plein ou presque. Je veux que mes œuvres soient exposées aux quatre coins du globe. Vous savez, le but ultime de tout artiste est de voir ses œuvres exposées dans les musées et sur la place publique.
Je crois fermement que les œuvres d’art appartiennent au public et qu’elles devraient être vues par tout le monde, et non seulement par des collectionneurs fortunés — ce qui est bien aussi parce que ce sont eux qui paient mes factures — mais dans l’idéal, le but de l’artiste est de voir ses œuvres exposées dans les musées et les espaces publics, qu’elles attirent l’œil du plus grand nombre possible de personnes.
Fievoli : Eh bien, je vous souhaite la meilleure des chances dans tous vos projets et vous remercie beaucoup d’avoir bien voulu participer à notre épisode d’aujourd’hui.
Sardar : Merci beaucoup, Chris. J’ai bien hâte d’écouter le balado et de rencontrer une grande partie des actuaires qui l’auront écouté — je suis très content.
Fievoli : Très bien. Si la conversation d’aujourd’hui vous a plu, je vous invite tous et toutes à vous abonner à notre balado pour rattraper les épisodes que vous avez ratés. Si vous avez des idées pour un prochain épisode ou que vous souhaitez participer à notre blogue Voir au-delà du risque, nous serions ravis de vous entendre. Nos coordonnées se trouvent dans la description de l’émission. Je m’appelle Chris Fievoli et je vous remercie d’avoir écouté Voir au-delà du risque. À la prochaine!
Cette transcription a été révisée par souci de clarté.