Par Julie Cousineau, FICA, FSA, CRHA, associée, santé, Normandin Beaudry
L’épisode 65 du balado Voir au-delà du risque trace un portrait de l’évolution en matière de santé mentale ainsi que de l’impact des réclamations pour santé mentale sur les régimes d’avantages sociaux collectifs et propose plusieurs stratégies intéressantes pour aider les organisations à atténuer la hausse des coûts. Mais les choses ne sont pas si simples en matière de santé mentale et il y a de nombreux aspects à considérer. Nous approfondirons certaines des questions soulevées.
Considérer le taux d’incidence des invalidités de courte durée
Généralement, la répartition des dossiers d’invalidité de courte durée liés à la santé mentale est utilisée pour évaluer la gravité de la situation pour une organisation selon des comparables tels que les résultats pour le portefeuille d’un assureur. Le balado indique d’ailleurs que pour le portefeuille canadien de Canada Vie, cette répartition était à la hausse et à un niveau de 20 % de l’ensemble des invalidités de courte durée en 2019. Cet indicateur peut toutefois poser un enjeu. Il ne tient pas compte du taux d’incidence des invalidités : le nombre de nouvelles invalidités pour des raisons psychologiques en fonction du nombre d’employés admissible à la protection. Le taux d’incidence, peu importe la cause, varie considérablement selon la durée du délai de carence.
Prenons par exemple deux régimes : A et B. Si on se base sur les critères habituels pour évaluer la gravité d’une situation, le Régime B serait plus inquiétant en matière d’invalidités liées à la santé mentale que le Régime A.
Régime A | Régime B | |
---|---|---|
Délai de carence | 3 jours | 14 jours |
Taux d’incidence, peu importe la cause | 15 % | 8 %(1) |
Répartition des dossiers d’invalidité de courte durée liés à la santé mentale | 20 % | 30 % |
(1) Ce niveau moins élevé que celui du Régime A peut s’expliquer par le fait que les absences de très courtes durées, telles que les grippes ou les blessures légères, sont rétablies.
Toutefois, si on considère le taux d’incidence, les résultats seraient différents.
Régime A | Régime B | |
---|---|---|
Taux d’incidence des invalidités liées à la santé mentale | 3 % | 2,4 % |
Cette comparaison permet de constater qu’en fait, les employés assurés sous le Régime A ont plus de risque de s’absenter pour une invalidité liée à la santé mentale que ceux du Régime B.
L’avantage de ce taux est également de mieux évaluer la situation lorsque les invalidités pour d’autres raisons diminuent. C’est ce que nous observons avec la réduction des activités sportives et des interventions chirurgicales en milieu hospitalier. Le pourcentage des invalidités liées à la santé mentale pourrait alors augmenter, alors que, dans les faits, le nombre d’invalidités liées à la santé mentale reste stable.
La santé mentale est une préoccupation pour la majorité des organisations. Les organisations et les assureurs sont invités à évaluer le taux d’incidence des invalidités liées à la santé mentale pour mesurer la gravité de la situation et apprécier l’impact des efforts faits en prévention de ces invalidités.
Les défis liés à la santé mentale : c’est l’affaire de tous
Il faut aborder les défis associés à la santé mentale par les organisations avec les protections et outils disponibles pour l’employé, comme le mentionne dans le balado M. Tirelli, consultant en santé organisationnelle pour la Canada Vie. Avec une approche de rémunération globale, il est nécessaire d’explorer des solutions dans un cadre plus large, sous l’angle de la gestion des ressources humaines dans son ensemble.
Employeurs, revoyez vos pratiques de gestion
C’est démontré, la satisfaction au travail affecte la santé mentale. Il est alors recommandé de travailler sur des pratiques de gestion saines, comme ces facteurs protecteurs :
• Donner un sens au travail, aux efforts et aux résultats
• Poser des gestes de reconnaissance
• Donner de la rétroaction en mobilisant vers le changement
Accommodez pour favoriser le maintien au travail
Il est souvent question d’accommodement pour faciliter le retour au travail, tel que présenté dans cet épisode. Toutefois, les organisations sont aussi encouragées à envisager des accommodements pour favoriser le maintien au travail, c’est-à-dire en prévention d’une invalidité. Dans ce cas, il faudra envisager d’autres options avec l’assureur pour éviter de pénaliser un employé qui devrait finalement s’absenter en raison d’une invalidité.
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Cet article reflète l’opinion de l’auteur et il ne représente pas une position officielle de l’ICA.