par Derek W. Dobson (AICA), chef de la direction du régime de retraite des CAAT
Comme le latin ne fait pas encore partie de nos exigences de PPC, permettez-moi de vous traduire la devise de l’ICA, Nobis Cura Futuri, qui signifie « l’avenir nous tient à cœur ».
C’est avec fierté que les actuaires, en tant que professionnelles et professionnels, ont comme tradition de faire progresser la science actuarielle et son application aux fins du bien-être de la société. Parmi ses valeurs, la communauté de l’ICA indique qu’elle « fait passer l’intérêt public avant ses propres intérêts ».
Ce sont des déclarations lourdes de sens et je mets notre profession au défi de s’y reporter plus fréquemment.
Exposé de la situation
La plupart des Canadiennes et des Canadiens ne sont pas préparés à financer leur retraite; bon nombre d’entre eux feront face à la pauvreté, ce qui entraînera un recours accru et insoutenable au système de santé et imposera un fardeau supplémentaire à d’autres programmes sociaux.
Selon le chercheur Richard Shillington, la grande majorité des Canadiennes et des Canadiens qui ne jouissent pas d’un régime de retraite offert par leur employeur ont des « économies de retraite totalement insuffisantes » (en anglais), soit un actif de retraite médian d’à peine plus de 3 000 $. Cette situation a eu un effet insidieux sur l’état de préparation à la retraite et le niveau de stress de la population canadienne, lesquels n’ont fait qu’empirer depuis le début de la pandémie.
Le manque de régimes offerts par l’employeur, le déclin des régimes à prestations déterminées (PD) et la nature changeante du travail ont contribué à ce problème. Ces tendances ont également eu pour effet d’accroître les inégalités entre les sexes et entre les générations sur le plan de la sécurité de la retraite des Canadiennes et des Canadiens.
Dans le cadre d’un exposé que j’ai présenté devant un auditoire d’une centaine* d’actuaires à l’occasion du congrès de la SOA tenu à Toronto en octobre 2019, j’ai demandé « Combien d’entre vous ont participé à la conversion d’un régime PD en un régime à cotisations déterminées ou autre? » Malheureusement, la plupart des mains se sont levées. J’ai ensuite demandé : « Combien d’entre vous trouvaient que c’était une bonne idée pour les membres ou pour la société? » Personne n’a levé la main. Les réunions de la SOA ne sont pas reconnues pour atteindre l’unanimité; cette unanimité pour une salle remplie d’actuaires à admettre que cette tendance de convertir les régimes PD en régimes CD n’est bénéfique ni pour les membres ni pour la société était donc significative. Voilà une base sur laquelle nous pouvons nous appuyer.
Conception innovante
Si les milieux de travail changent, ce n’est pas le cas de la nécessité de disposer de régimes de retraite valables et sûrs. Après un quart de siècle de tendances préoccupantes, le régime de retraite sans but lucratif des Collèges d’arts appliqués et de technologie (CAAT) a décidé de prendre les rênes afin d’offrir un meilleur avenir à la population canadienne, aux employeurs et à la société. Pour ce faire, il fallait minimiser les obstacles à l’atteinte d’une réussite conjointe.
En matière de retraite, les solutions doivent souvent tenter de concilier des besoins qui s’opposent. D’un côté, il y a le désir des employés de jouir d’un revenu de retraite prévisible et suffisant jusqu’à la fin de leurs jours. De l’autre, les employeurs souhaitent une certitude en matière de coûts et veulent jouir d’une certaine simplicité.
Le régime DBplus des CAAT est né de la prise en compte des besoins les plus importants des employeurs et des membres.
Pour élaborer le régime DBplus, nous avons travaillé en étroite collaboration avec des actuaires et d’autres leaders du secteur afin d’examiner divers éléments des lois sur les régimes de retraite tout en maintenant le cap sur la création de valeur, la gestion des risques, l’équité et la viabilité à long terme.
Grâce à la collaboration d’un groupe formé d’experts internes et externes, du domaine juridique, ainsi que d’administrateurs de régimes, le régime DBplus a pris forme. Il offre aux employeurs une solution sans risque à coût fixe. Les employés, eux, ont un revenu de retraite prévisible à vie avec rente de survivant au conjoint, des améliorations conditionnelles liées à l’inflation et les options de retraite anticipée qu’ils veulent et dont ils ont besoin. Bon nombre d’experts du secteur ont qualifié le régime DBplus de « solution élégante ». Il s’est par ailleurs vu décerner des prix pour sa conception innovante.
Le régime DBplus a résolu les problèmes liés aux régimes de retraite chez des employeurs de toutes tailles de tous les secteurs. Il leur a aussi permis de réduire les coûts et les risques et de se concentrer sur leurs activités. Il importe de mentionner que ce régime a permis à plusieurs organisations de petite taille d’offrir pour la première fois des régimes PD et une meilleure protection du revenu de retraite, laquelle est si nécessaire.
Personnellement, je suis particulièrement fier d’avoir contribué à offrir à un grand nombre de travailleuses et de travailleurs du Canada un régime d’épargne-retraite offert par l’employeur. Nous faisons une différence importante dans la vie de personnes et de familles en offrant une sécurité de retraite auparavant inexistante.
La demande visant les régimes PD est réelle
Les plus grands syndicats des secteurs privé et public ont également appuyé le régime PDplus. En tout, des membres de 15 groupes syndicaux ont adhéré au régime. Le taux d’appui moyen à l’échelle des groupes qui ont également opté pour la fusion de leur ancien régime PD avec celui des CAAT se chiffre à 97 %, un impressionnant pourcentage qui démontre la proposition de valeur qu’offrent les CAAT pour ce qui est de protéger leur avenir. L’appui des hauts dirigeants et des conseils d’administration est aussi très solide.
L’intérêt suscité par les solutions en matière de régimes de retraite qui répondent aux objectifs sur le plan financier, du milieu de travail, de la culture et des risques est très grand. Le régime DBplus a attiré des employeurs tels que Sanofi Canada, Brinks’ Canada, l’aéroport de Saint John’s, Torstar, United Way of Greater Toronto, l’Université de la Saskatchewan, Lawyers Financial, le Régime d’assurance des enseignantes et des enseignants de l’Ontario, Vancouver Foundation, The Conference Board of Canada et le personnel de l’ICA. Ces employeurs sont visiblement diversifiés, mais partagent tous l’objectif de rendre l’avenir meilleur. Depuis que le régime DBplus a commencé à être offert dans les lieux de travail en 2019, plus de 11 000 membres provenant de plus de 80 employeurs issus de divers secteurs y ont adhéré. Cette croissance rapide a été reconnue par le magazine Benefits Canada en 2020, alors que le régime des CAAT a été désigné à titre de régime de retraite affichant la croissance la plus rapide du Canada.
Mouvement vers un avenir meilleur
L’équipe d’actuariat du régime des CAAT compte 25 personnes (oui, nous embauchons). Lorsque je leur demande ce qui les a poussés à intégrer les CAAT, elles répondent invariablement que c’est en raison de l’objectif d’élargir la protection PD à l’échelle du Canada. Bon nombre d’entre elles n’ont pas choisi la profession actuarielle pour faire carrière à conclure des régimes PD.
La bonne nouvelle, c’est que nous ne sommes pas les seuls. En Ontario seulement, OPTrust offre le régime OPTrust Select offrant aux participants du secteur sans but lucratif de l’Ontario des rentes viagères, tandis que le régime HOOPP ajoute des employeurs du domaine de la santé et que la Commission des régimes de retraite de l’Ontario a facilité la consolidation de divers régimes de retraite d’employeurs. Ces régimes, entre autres, offrent une nouvelle approche permettant à un plus grand nombre de lieux de travail de jouir de régimes PD viables.
Je remercie les actuaires qui incarnent les valeurs de la profession et qui « font passer l’intérêt public avant leurs propres intérêts. » Je mets au défi les actuaires du domaine des régimes de retraite d’améliorer l’épargne-retraite en offrant des avis professionnels qui prennent en considération l’intérêt public et le bien de la société. Recherchons des solutions qui répondent aux objectifs de toutes les parties prenantes. Les besoins sont réels. Ne tardons pas.
Les actuaires savent que la mise en commun des risques grâce au modèle PD constitue un moyen efficace et efficient d’épargner en vue de la retraite; et désormais, grâce aux régimes PD modernes, les risques financiers sont nuls pour les employeurs. En tant qu’actuaires, nous devons communiquer aux employeurs toutes les options possibles et, au minimum, leur expliquer les nombreux avantages qu’offre un bon régime de retraite, notamment sur le plan de l’attraction et du maintien en poste des employés, tout en ayant un effet bénéfique sur leur niveau de stress et leur engagement. Un bon régime de retraite a aussi pour effet de réduire les coûts associés aux avantages sociaux et aux indemnités de départ et donne lieu à une efficacité accrue en matière de gestion de la main-d’œuvre, dont les résultats sont mieux adaptés aux besoins des employeurs pendant les cycles économiques.
Je rêve du jour où, devant une assemblée de l’ICA ou de la SOA, je poserai la question : « Votre profession a-t-elle fait avancer des solutions avantageuses pour les employés et pour la société? » et que toutes les mains se lèveront. Bien que nous n’y soyons pas encore, grâce à l’innovation soutenue, nous pouvons démontrer que Nobis Cura Futuri et être encore plus fiers de notre apport à la société.
*Une estimation dans un intervalle de confiance de 90 %; ne pas considérer comme exacte 😊.
Reconnaissance de l’innovation des CAAT
Des pairs nationaux (en anglais) et internationaux de l’industrie ont reconnu les CAAT pour leur innovation et leur leadership. En 2018, les CAAT se sont vu décerner un Prix d’innovation du World Pension Summit (en anglais) dans la catégorie Conception et réforme des régimes en reconnaissance de la conception innovante du régime DBplus. En 2019, Derek Dobson, chef de la direction et gestionnaire de régime et architecte en chef du régime DBplus, s’est vu remettre le Prix de reconnaissance de l’Association canadienne des administrateurs de régimes de retraite pour avoir inspiré un changement fondamental dans le secteur de la retraite au Canada.
Cet article reflète l’opinion de l’auteur et il ne représente pas une position officielle de l’ICA.