par Frédéric Matte, FICA, vice‑président de la Commission de l’ICA sur les changements climatiques et la viabilité, et Yves Guérard, FICA, membre de la Commission de l’ICA sur les changements climatiques et la viabilité
Au début de mars, l’Institut canadien des actuaires (ICA) a publié la plus récente mise à jour trimestrielle des données de l’Indice actuariel climatique (IAC). Cette version place l’IAC à 1,23 pour l’été 2020, contre 1,19 pour la saison précédente, ce qui confirme une augmentation continue de la fréquence et de l’intensité des événements météorologiques extrêmes. L’IAC calcule une mesure rétroactive des risques climatiques fondée sur un ensemble d’événements climatiques extrêmes et de variations du niveau de la mer aux États‑Unis et au Canada.
L’Indice a été lancé en novembre 2016 pour documenter les effets du réchauffement planétaire causés par l’énergie supplémentaire accumulée en raison de l’augmentation des concentrations de gaz à effet de serre (GES). La hausse des niveaux de CO2 est également suivie par la courbe de Keeling, qui a dépassé 416 ppm en mars 2021. Alors que l’IAC et d’autres mesures continuent de grimper, la question est que faire avec ces données?
Le récent vortex polaire qui a frappé de plein fouet le Texas et qui a entraîné des décès, la perte de biens et des répercussions sur l’infrastructure de l’État n’est qu’un exemple de la nécessité de mieux prévoir les conséquences des conditions météorologiques extrêmes et d’établir une résilience adéquate. Chez nous, un récent rapport du Centre Intact d’adaptation au climat, de l’Université de Waterloo, révèle que la préparation aux inondations dans 16 grandes villes canadiennes est cotée C+, la même cote qu’en 2015. Le Canada et les provinces déploient‑ils suffisamment d’efforts pour adapter notre infrastructure en prévision des conséquences potentielles des changements climatiques?
Nous avons fait des progrès. Le projet de loi C‑12, la Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité, a été déposé à la Chambre des communes en novembre 2020 à titre de proposition visant à établir des objectifs nationaux de réduction des émissions de GES à zéro net d’ici 2050. Le Canada est le septième plus important émetteur de GES, mais nous sommes un pays doté des ressources nécessaires pour donner suite à notre promesse de carboneutralité et nous sommes en bonne position pour réaliser la transition nécessaire vers une économie à faibles émissions de carbone. Notre engagement, qui nous place aux côtés de l’Union européenne et de plus de 100 pays qui ont pris des engagements semblables, était attendu depuis longtemps. Les États‑Unis, l’un des principaux émetteurs à l’échelle mondiale, ont désormais rejoint l’Accord de Paris. La Chine a également publié une déclaration d’intention, c’est‑à‑dire devenir carboneutre d’ici 2060, un engagement étonnant compte tenu de sa dépendance aux centrales au charbon. Toutefois, même si le projet de loi C‑12 promet d’importants progrès vers l’établissement d’objectifs en matière d’émissions, il ne renferme rien sur les mesures d’adaptation que le Canada devrait mettre en œuvre indépendamment des progrès ou de l’absence de progrès au chapitre de la réduction rapide des émissions de GES dans le monde.
En septembre 2019, l’ICA a publié un énoncé public intitulé Il est temps d’agir : Faire face aux risques des changements climatiques, appelant « tous les ordres de gouvernement, dirigeants d’entreprise et investisseurs à prendre des mesures immédiates pour atteindre l’objectif de l’Accord de Paris ». Depuis, les récentes initiatives mises de l’avant par les intervenants canadiens du secteur financier et de l’industrie à l’appui des engagements nationaux sont encourageantes. Par exemple, la Banque du Canada et le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) ont annoncé des plans pour un projet pilote visant à utiliser des scénarios de changements climatiques afin de mieux comprendre les risques liés à la transition vers une économie carboneutre pour le système financier. Pour ce faire, les deux entités collaboreront avec des représentants du secteur bancaire ainsi que des industries des assurances IARD. De même, les huit principales caisses de retraite du Canada ont uni leurs forces et se sont engagées à renforcer la divulgation de renseignements environnementaux, sociaux et de gouvernance tout en demandant aux entreprises et aux investisseurs d’en faire autant. Leur déclaration a obtenu le soutien de nombreuses entités, y compris l’ICA.
En plus de répondre aux besoins d’adaptation du Canada découlant de la fréquence et de la gravité croissantes des phénomènes météorologiques extrêmes, les initiatives susmentionnées offrent aux actuaires canadiens d’excellentes occasions de participer davantage à la gestion des risques liés au climat et d’appliquer leur expertise au défi. La Commission de l’ICA sur les changements climatiques et la viabilité maintiendra sa contribution en fournissant des conseils pour mieux évaluer et gérer les risques liés au climat. Cet appui s’accompagne d’un document d’appui à la pratique à l’intention des membres intitulé « Scénarios liés aux changements climatiques » , de la réponse de l’ICA à une consultation du BSIF sur les risques liés au climat, de contenu axé sur le climat au prochain congrès annuel de l’ICA, et des webémissions à venir. Conformément à nos responsabilités professionnelles envers le public, nous continuerons de surveiller les progrès réalisés par rapport aux engagements pris et nous jouerons un rôle constructif dans la lutte contre les changements climatiques, en fournissant à la fois des conseils aux clients et des commentaires sur les politiques publiques.
Consultez la page des ressources sur le climat de l’ICA pour en savoir davantage sur le climat.
Cet article reflète l’opinion de l’auteur et il ne représente pas une position officielle de l’ICA.