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Exploiter l’IA en actuariat pour prospérer

Par Jing Lang, FICA

Dans l’article précédent, nous avons abordé les discussions et initiatives issues du Sommet de l’AAI sur l’IA et indiqué ce que font les actuaires de partout dans le monde pour se préparer à naviguer sur la vague en plein essor de l’intelligence artificielle (IA). Pour faire suite à cet article, nous allons maintenant nous pencher sur les façons dont les actuaires peuvent concrètement mettre à profit cette technologie.

Voici quelques initiatives et idées qui nous permettrons, en qualité d’actuaires, à apprendre à exploiter l’IA. Certaines de ces idées sont issues du Sommet de l’AAI sur l’IA, tandis que d’autres sont déjà au programme de l’ICA. Certes, les employeurs et les organismes professionnels ont leur rôle à jouer pour faciliter cet apprentissage, mais il nous incombe à tous et toutes de nous efforcer de mieux comprendre l’IA.

Programmes et ateliers de formation spécialisée

Participer à des programmes de formation spécialisée axés sur l’IA et l’apprentissage machine (AM). Il faut l’admettre, rares sont les programmes en matière d’IA et d’AM qui s’adressent aux actuaires. Il existe toutefois une foule de programmes de base. L’entreprise Deeplearning.ai propose plusieurs cours et programmes de spécialisation de niveau débutant à intermédiaire (en anglais) qui m’ont été utiles. Ceux-ci sont offerts en partenariat avec l’Université Stanford par l’intermédiaire de la plateforme Coursera.

Élaboration d’outils alimentés par l’IA

Investir dans l’élaboration et le déploiement d’outils alimentés par l’IA aux fins de l’analyse de données, la souscription, le traitement des demandes de règlement et le service à la clientèle. Certaines entreprises ont investi dans la conception de leur propre modèle de fondation et d’autres ont créé, ou sont en train de créer, un ChatGPT interne qui leur est propre. La vaste majorité, cependant, choisit de faire appel à des experts en IA auxquels elle confie la conception de robots conversationnels maison ou de grands modèles de langage adaptés à leurs besoins.

Inciter les actuaires à utiliser les outils d’IA dans le cadre de projets pratiques et d’études de cas pour mieux comprendre leurs capacités et leurs limites. Par exemple, pour 20 $ américains par mois, il est possible pour quiconque d’explorer les versions les plus récentes de ChatGPT 4.0 et de Perplexity.ai PRO, et de passer de l’une à l’autre selon la tâche à accomplir.

ChatGPT et Perplexity proposent tous deux une version gratuite, mais l’abonnement à 20 $ par mois en vaut la peine.

Le système d’éducation et les programmes de formation continue de l’ICA

Intégrer les thèmes de l’IA et de la science des données dans les programmes d’éducation de base et de formation continue s’adressant aux actuaires. Heureusement, l’ICA y travaille déjà! Les colloques, le congrès annuel et les webémissions de l’ICA offrent déjà du contenu relatif à l’IA, et ce thème sera intégré au contenu des modules permettant d’obtenir le titre d’AICA. On envisage aussi des façons d’intégrer l’IA dans la matière de niveau FICA.

Proposer des cours portant sur les langages de programmation couramment utilisés en matière d’IA et de science des données tels que Python et les plateformes d’apprentissage machine telles que TensorFlow. La plateforme Brilliant, qui intègre une foule d’exercices pratiques en microdoses, est selon moi une bonne plateforme d’apprentissage pour Python. Google propose une multitude de cours à suivre soi-même sur TensorFlow. Je vous conseille de commencer par le cours gratuit sur l’IA générative.

Créer une communauté de partage du savoir

Créer une communauté ou une plateforme permettant aux actuaires de partager leurs connaissances, leurs expériences et leurs pratiques exemplaires en matière d’IA. Sans vouloir tout dévoiler étant donné que cela n’a pas encore été annoncé officiellement, je suis heureuse de dire que cette initiative est en préparation. Restez à l’affût!

Organiser des programmathons, des concours et des projets de collaboration pour favoriser l’innovation et les applications pratiques de l’IA dans le cadre des tâches actuarielles. Un groupe de délégués actuaires travaillent aussi à ce projet. Encore une fois, demeurez à l’affût!

En s’engageant dans une ou plusieurs de ces initiatives, les actuaires peuvent acquérir une compréhension plus approfondie de l’IA et l’exploiter efficacement dans leur travail. Plus important encore, en notre qualité d’actuaires, cela nous permettra non seulement de demeurer pertinents, mais aussi de profiter de l’impulsion de la vague de l’IA.

Autres commentaires d’actuaires de premier plan au sujet du Sommet de l’AAI sur l’IA

Comme c’était le cas dans l’article avec Bernice et Tim, je me suis entretenue avec Matt Bartley, un autre membre du groupe de travail de l’AAI sur l’IA, et j’ai moi aussi répondu aux questions. Ensemble, nous communiquons nos points de vue sur l’avenir de la profession actuarielle à l’ère de l’IA et parlons un peu plus des parcours et expériences des membres du groupe de travail en matière d’IA.

*Matt Bartley, FICA, directeur, analytique des données en assurance, Canada Vie

Axe de travail du Groupe de travail sur l’IA de l’AAI : Le rôle changeant des actuaires

Q. Comment en êtes-vous arrivé à vous intéresser à l’IA?

R : Dans ma jeunesse et tout au long de mon parcours universitaire, j’éprouvais un intérêt marqué pour les ordinateurs, la programmation et la résolution de problèmes. L’IA me semble le prolongement naturel de ces thèmes d’intérêt. Le film documentaire AlphaGo, qui montre à quel point le mariage de la conception de systèmes intelligents et de l’apprentissage machine peut produire un effet aussi révolutionnaire, a aussi été pour moi une source d’inspiration.

Q : Pourquoi est-il important pour vous de vous engager dans cette initiative?

R : En ma qualité d’actuaire dans le domaine de la science des données, j’y vois une occasion de gagner en efficacité et de favoriser la modernisation en ce qui concerne le recours à l’IA dans le cadre du travail d’actuariat. Cette initiative nous permettra de faire le pont entre la science des données et le travail actuariel dans une optique tenant compte des risques.

Q : De quelle façon utilisez-vous l’IA dans votre travail courant?

R : Je suis chargé du programme de tarification accélérée de la Canada Vie, lequel est soutenu par plusieurs modèles d’IA. Dans le cadre de mon travail quotidien de gestion de l’équipe, j’assure le suivi du rendement et l’amélioration de ces modèles. Mon équipe recherche aussi d’autres façons d’exploiter l’IA aux fins de la mise en œuvre de la stratégie de notre unité opérationnelle et, de ce point de vue, cela lui procure un sentiment entrepreneurial.

Q : De quelle façon vous attendez-vous à interagir avec l’IA dans cinq à 10 ans?

R : Je crois que l’IA sera de plus en plus intégrée à nos outils de travail courants. Il faudra sans doute un moment, toutefois, avant que les consommateurs en général remplacent leurs appareils par d’autres appareils intégrés numériquement. Nous verrons peut-être, par exemple, des systèmes intelligents qui, à partir d’interactions vocales, apprendront au fil du temps les préférences de chacun en matière de température dans la maison, et procéderont à des adaptations automatiques.

Des appareils tels que Google Home offrent déjà l’interrogation vocale en langage naturel. Dans cinq à 10 ans, je crois qu’il y aura encore davantage d’interconnexion entre nos applications et services quotidiens, au-delà de la gestion de calendrier. J’entrevois, par exemple, les appels téléphoniques et la prise de rendez-vous automatisés, la création de plans de repas et de listes d’emplettes pouvant être intégrés avec des services de livraison d’épicerie, etc.

En fin de compte, je m’attends à l’adoption accrue de services à commande vocale permettant de réduire le temps consacré à utiliser un clavier d’ordinateur ou de téléphone.

*Jing Lang, FICA, présidente, Deepwork Academy et animatrice du balado Be Brilliant

Axe de travail du Groupe de travail sur l’IA de l’AAI : Innovation

Q : Comment en êtes-vous arrivée à vous intéresser à l’IA?

R : Au cinéma! J’ai regardé le film Les Robots une fois de trop lors de sa sortie en 2004. Plus tard, d’autres films tels que Sam (compagnon vocal), Transcendance (un scientifique ingénieux crée une machine sensible) et L’Emprise, ainsi que la série de films Mission Impossible, m’ont tous fait réfléchir au caractère apparemment inévitable de la singularité technologique.

J’ai donc entrepris d’en apprendre davantage au sujet de l’IA et de l’apprentissage machine. J’ai suivi plusieurs formations de spécialisations proposées par Deeplearning.AI par l’intermédiaire de l’Université Stanford. Lorsqu’on m’a demandé de scénariser et de filmer le contenu du volet sur l’IA pour le centre d’apprentissage en ligne de la Society of Actuaries, j’étais ravie d’avoir l’occasion de mettre à profit mon côté créatif (les intrigues de tous ces films me revenaient en tête) et les connaissances que j’avais acquises dans le cadre de mes études universitaires. J’attends avec impatience le lancement du volet sur l’IA plus tard cette année!

Q : Pourquoi est-il important pour vous de vous engager dans cette initiative?

R : C’est l’intuition qui m’y a menée. Je n’ai jamais été une adepte précoce de la technologie – je n’ai jamais fait la queue pendant toute une nuit pour le plus récent iPhone ni fait partie des premiers propriétaires d’appareils Blu-Ray ou téléviseurs QLED, mais lors de ma première conversation avec ChatGPT 4.0, j’ai ressenti un appel instinctif clair selon lequel je devais être au fait du développement de l’IA générative. Ma participation aux activités concernant l’IA a déjà changé ma vie de façon radicale. L’IA modifiera aussi l’avenir du travail pour presque toute la société.

Q : De quelle façon vous attendez-vous à interagir avec l’IA dans cinq à 10 ans?

R : Déjà, j’interagis beaucoup plus aujourd’hui que ce que j’aurais pu imaginer il y a seulement un an. Aujourd’hui, avec l’aide de l’IA, je suis capable de bâtir et de mettre en ligne un site Web en deux heures, je peux badiner avec Meta AI (via WhatsApp) pour rester vive et alerte, je suis en mesure de former l’IA pour qu’elle agisse comme un coach et je peux utiliser l’utiliser comme un interlocuteur pour tester de nouveaux concepts d’affaires.

D’ici cinq à 10 ans, je crois que la seule limite aux usages que nous pourrons faire de l’IA sera notre imagination. Je m’attends à ce que l’intelligence artificielle générale (le type d’IA qui réussit aussi bien ou mieux que les humains dans certaines tâches cognitives) soit presque devenue une réalité, si elle n’est pas déjà très répandue. Le fait qu’il soit plausible de pouvoir exploiter des outils beaucoup plus puissants m’enthousiasme au plus haut point. (Imaginez qu’on dise aux passagers du Mayflower après 66 pénibles jours en mer que, dans 400 ans, ils auraient pu traverser l’océan en 7 heures allongés dans un engin volant. Ces personnes auraient du mal à y croire.)

*Note de bas de page : Un mot au sujet des photos générées par l’IA

Comme c’était le cas la dernière fois avec Bernice Lim et Tim Bishop, cet article présente pour Matt et pour moi une photo générée par l’IA! À tous les lecteurs et lectrices : c’est mieux en personne ou avec l’IA? 🙂

Jing Lang, FICA, est présidente de Deepwork Academy et animatrice du balado Be Brilliant.

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